Efficacité, effets secondaires... les espoirs (et les questions) autour du vaccin Johnson&Johnson

ALG
Publié le 13 mars 2021 à 17h11

Source : TF1 Info

VACCINATION - La Haute autorité de santé (HAS) a autorisé vendredi en France le vaccin contre le Covid-19 de Johnson & Johnson. Quelles sont ses caractéristiques ? Quand sera-t-il disponible ? Pour qui est-il recommandé ? On fait le point.

C'est le quatrième sérum disponible pour lutter contre le Covid-19 en France mais le premier avec un schéma vaccinal à une dose. La Haute autorité de santé (HAS) a autorisé vendredi en France le vaccin contre le Covid-19 de Johnson & Johnson, en recommandant de l'utiliser "de manière préférentielle" dans les zones où l'épidémie est "particulièrement active".

Ce dernier avait reçu jeudi son autorisation de mise sur le marché de la Commission européenne, quelques heures après le feu vert de l'Agence européenne des médicaments (EMA). A l'heure où la France peine à tenir la cadence en matière de vaccination, le serum de Johnson&Johnson suscite des espoirs mais aussi des questions. Quelles sont ses particularités ? Pour quelle efficacité ? A quels patients pourrait-il être prioritairement destiné ? Voici ce qu'il faut savoir sur cette nouvelle arme contre la pandémie.

Quelles sont ses particularités ?

Le sérum de Johnson & Johnson est un vaccin unidose appelé Janssen Covid-19, qui peut être stocké à des températures de réfrigérateur. Il s'agit du "quatrième vaccin qui vient compléter l'arsenal vaccinal", a ainsi rappelé lors d'un point presse Dominique Le Guludec, présidente de l'autorité sanitaire française, rappelant que les trois premiers, Pfizer/BioNTech, Moderna et AstraZeneca/Oxford, nécessitent, eux, une seconde injection. Celui-ci "reste stable en étant transporté à une température d'entre 2 et 8 degrés Celsius, une température de réfrigération standard, qui aidera à faciliter une mise en œuvre à grande échelle dans le monde" a de son côté précisé le directeur scientifique de l'entreprise américaine, Paul Stoffels.

Il s'agit en outre d'un vaccin à vecteur viral, c'est à dire qu'il utilise un autre virus peu virulent transformé pour y ajouter des instructions génétiques d'une partie du virus responsable du Covid-19. "Nous avons une réponse très convenable en termes d'anticorps, mais l'immunité cellulaire est celle qui rend (la protection) durable, et lui donne aussi une large capacité d'action.  La botte secrète de ce vaccin est la combinaison des deux", estime Paul Stoffels.

Quelle efficacité et quels éventuels effets secondaires ?

Fabriqué par Janssen-Cilag, filiale du laboratoire Johnson & Johnson, ce vaccin à vecteur viral est efficace à 85% contre les formes graves et à 66% en général, selon les résultats de l'essai clinique, qui a porté sur environ 40.000 personnes. Des données sur une fraction des participants ont également conclu à une efficacité d'environ 70% pour empêcher les formes asymptomatiques de la maladie. "Nous avons conduit notre étude au niveau mondial, sur trois continents: les Etats-Unis, l'Amérique du Sud, et l'Afrique du Sud, dans des circonstances très difficiles de pic épidémique. Nous connaissons maintenant l'efficacité du vaccin sur les variants, et nous pouvons montrer qu'indépendamment de la région, du variant ou de l'âge, vous êtes protégé contre les formes graves de la maladie, les hospitalisations et la mort, a encore souligné le directeur scientifique de l'entreprise américaine, Paul Stoffels. Et de poursuivre : "Cette protection est de 85% pour les formes graves, et même de 100% contre l'hospitalisation et la mort, jusqu'ici nous n'en avons pas vu (chez les personnes vaccinées). C'est le défi le plus important dans cette pandémie."

Les effets secondaires les plus fréquemment observés lors des essais cliniques étaient une douleur à l'endroit de l'injection, des maux de tête, de la fatigue et des douleurs musculaires. En Afrique du Sud, au moins un cas d'anaphylaxie, à savoir une grave réaction allergique, a été observé, selon l'entreprise. De telles réactions, quoique très rares, ont aussi été rapportées après des injections des vaccins de Moderna et Pfizer.

Pour qui est-il recommandé ?

Ce vaccin présente "une performance tout à fait satisfaisante", a indiqué la présidente de la HAS Dominique Le Guludec, qui estime donc que ce vaccin américain à injection unique "peut être utilisé à partir de l'âge de 18 ans", "y compris chez les personnes âgées de 65 ans et plus et/ou" à risque de faire des formes graves de Covid. "Compte tenu du schéma de vaccination à une dose" et de sa simplicité d'utilisation (conditionnement en flacons multidoses prêts à l'emploi et conservation jusqu'à 3 mois en réfrigérateur), ce vaccin pourrait "être utilisé de manière préférentielle dans les zones géographiques où l'épidémie est particulièrement active et où une accélération de la campagne de vaccination est estimée nécessaire", recommande la HAS.

Ces mêmes facteurs "le rendent particulièrement adapté pour les publics les plus éloignés du système de santé, les personnes en situation de précarité économique et sociale, et les personnes en situation de handicap ou éprouvant des difficultés pour se déplacer", estime également l'autorité. Autre avantage, "compte tenu des données disponibles à ce jour, montrant son efficacité persistante sur les variants sud-africains et brésiliens, ce vaccin présente un intérêt particulier dans les zones géographiques où ces souches circulent activement".

Quand sera-t-il disponible ?

Mais alors que pour les trois précédents laboratoires (BioNTech/Pfizer, Moderna et AstraZeneca), les livraisons avaient quasiment débuté dans la foulée de leur autorisation de mise sur le marché, les Européens devront encore patienter avant les premières injections. Les premières doses ne devraient pas être livrées avant le mois d'avril. "Nous avons une autorisation européenne mais nous savons qu'il y aura des livraisons au plus tôt à la mi ou fin avril", a notamment indiqué vendredi le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, malgré le feu vert des autorités européennes. Interrogé vendredi sur le motif de ce retard alors que le vaccin vient également d'être autorisé en Allemagne, le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert, a évoqué la réticence des Etats-Unis à exporter des doses hors de leur pays comme une explication possible au problème d'approvisionnement de l'Europe. 

Avant d'être autorisé en Europe, le vaccin de Johnson & Johnson a été autorisé récemment aux Etats-Unis et au Canada, et l'Afrique du Sud était devenue mi-février le premier pays à l'administrer. Il vient également de recevoir vendredi l'homologation de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).


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